La guerre est (re)lancée
Ça y est, les petits frères et sœurs ont désormais l’âge de s’imposer. S’ils avaient déjà le téléphone entre les mains depuis longtemps, les premiers IPad Kids entrent dans l’adolescence. Soit l’apogée de la transition identitaire. Nécessairement, ils viennent avec leur lot de nouveautés – parfois farfelues pour les Digital Natives.
Entre les shorts baggy et un vocabulaire de type Skibidi – ou Apanyan du côté français -, on ne sait plus vraiment où se mettre. Déjà parce que la Gen Z aussi trouve ça gênant.
La seule différence, c’est que le malaise les frappe parce qu’ils ne possèdent pas ces codes. Le Gen Alpha, à l’inverse, comprend très bien ceux de la Gen Z. Ils les trouvent simplement dépassés.
Ils comptent peut-être redresser le monde à coups de crème anti-rides, qui sait. En attendant, la Gen Z voit ses propres rides se creuser à mesures qu’ils inventent de nouvelles règles. Comme si l’avènement des uns déclenchait la vieillesse des autres.
“For Gen Z who are used to being the young ones on the internet, the TikTok masters, having something new and that does not make sense to them trending on the very app they have grown up on, can actually be very confronting. […] It’s making a generation whose identity has been wrapped up in being the young ones with the finger on the pulse, realize they may not be that anymore.”, Dr. Aileen Alegado, psychologue interviewée par news.com.au
Et forcément, entendre des collégiens leur rappeler qu’ils sont plus proche des boomers que des tendances, ils aiment pas trop beaucoup ça. Parce que ça les place aussi dans une position de vieillissement qui n’était jusque là pas une caractéristique de leur identité en ligne. Pas vrai les cool kids ?
Au royaume de la gêne
Poster des photos sur Instagram, essayer d’avoir un bon accent anglais, mettre des jeans slim et des airforce, ce n’est pas juste démodé. C’est le meilleur moyen de cringer la Gen Alpha. Dans l’incompréhension, et dans la refus de vieillir, on agit comme de bons vieux Gen Z : on se rebelle.
Mais est-ce vraiment si grave de déclencher de la gêne chez les autres ?
Par définition, il s’agit simplement d’un sentiment d’embarras qui nous envahit face à une situation particulièrement absurde. Et jusque là, on avait réussi à s’en accommoder en faisant preuve d’ironie.
“Le cringe permet une distance ironique : je ne maîtrise pas une source soudaine de malaise qui vient de surgir dans mon univers, mais je fais un pas de côté qui me permet d’en souligner l’incongruité et d’en observer plus finement l’absurdité.” Victorine de Oliveira, journaliste et cheffe de rubrique chez Philosophie Magazine
Un peu à la manière de Michael Scott, on avait réussi à donner au cringe un penchant fun et subtil. Dans la vraie vie comme sur TikTok, la Gen Z se donnait tacitement le défi d’atteindre l’apogée du malaise entre amis. Certaines en ont même fait leur marque de fabrique dans des TikTok en plus de vingts parties.
De l’auto-dérision à l’état pure qui semble toucher la corde sensible des petits frères et sœurs. Une chance qu’ils ne soient pas tombé sur les lives NPC… Quand le malaise fini par nous envahir au premier degré, on vous rejoint, ça va peut-être un peu trop loin.
Naturellement, ils cherchent peut-être à s’éloigner de ces tendances pour créer leur propre définition du fun – qui pour l’instant est encore approximative, avouons-le.
Mais rappelez-vous bien des années 2010… Il semblerait qu’on soit déjà passé par là aussi.
La guerre générationnelle en boucle
Ça vous étonne ? Nous pas vraiment. À vrai dire, on l’avait même prévu d’avance en décembre 2023. Pas parce qu’on a un diplôme de cartomancie. Simplement parce que c’est un schéma classique.
Les Millenials l’ont fait avec la génération X. La Gen Z a rendu l’appareil aux Millenials. Et on s’est tous mis d’accord sur les boomers… Il fallait donc s’y attendre. Après la génération Z, la Gen Alpha a marqué son renouveau en début d’alphabet.
À mesure que les Gen Alpha les poussent dans leurs retranchements, les Gen Z se rendent compte qu’ils nous réservent le même sort qu’ils ont réservé aux Millenials ces dernières années. Et encore, les Alpha n’ont pas eu le loisir de nous voir danser très sérieusement sur de la tecktonik dans les années 2000.
Mais la Gen Z ne se laissera pas abattre, et certainement pas avec des moyens d’expression qu’elle a elle-même inventé. Encore moins par une génération dont la moitié des membres viennent seulement de naître.
Or, au fond on le sait, c’est irrémédiable. On a donné un coup de vieux aux générations précédentes, et il devrait bien nous arriver la-même chose. Si ce n’est pas encore totalement vrai, ça le sera sûrement d’ici quelques années.
Mais si ça peut rassurer quelques Gen Z qui se sentent déjà pousser des cheveux blancs, la guerre générationnelle se base sur des codes communs que tout oppose. Comme on le disait déjà dans un article précédent, la réalité est beaucoup plus nuancée. Le concept de génération tend à écraser les différences pour fournir une grille de lecture simpliste des rapports sociaux. Et tous les dix ans, on voit renaître une guerre pour qui même pas un quart de leurs membres n’iraient au front. C’est simplement un querelle remplie de clichée menée à bon entendeur. Alors chill la Gen Z, vous pouvez encore dabber sur TikTok.
En attendant que la Gen Z se décide à participer au réarmement démographique, on se donne rendez-vous pour l’évolution de la guerre à l’arrivée des Beta. En revanche, on ne garantie pas que ce ne sera pas des Alphas cringé les dix doigts sur le clavier.
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