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Comment les réseaux sociaux rendent nostalgique ?

Temps de lecture : 5 minutes

20/02/2024

Si notre mère nous a fait deux yeux, ils n’ont pas encore la fonction capturer. Alors, en attendant, on se contente de lever les bras à tout va pour tout filmer. On retouche, on partage, et bien souvent on finit par archiver, jusqu’au jour où on y découvre une autre saveur, celle d’avant. Et si, les réseaux sociaux avaient le pouvoir de nous rendre nostalgiques ?

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Content Strategist. 30 onglets ouverts dans la tête et un assistant à moustaches sur les genoux.

Laury Peyssonnerie

Si notre mère nous a fait deux yeux, ils n’ont pas encore la fonction capturer. Alors, en attendant, on se contente de lever les bras à tout va pour tout filmer. On retouche, on partage, et bien souvent on finit par archiver, jusqu’au jour où on y découvre une autre saveur, celle d’avant. Et si, les réseaux sociaux avaient le pouvoir de nous rendre nostalgiques ?

Tout pour la Fame ✨

Les galeries de téléphone remplies de photos qu’on ne regarde jamais sont certainement le plus grand fléau de l’humanité. Et pourtant, c’est devenu la norme. On prend tout et n’importe quoi en photo dans l’espoir de se souvenir. On ne va pas se mentir, il nous arrive même de sortir dans l’unique but d’immortaliser l’activité à travers l’objectif. Les coupables ? Nos applications préférées : celles où on s’empresse de publier notre plat au resto avant même d’avoir goûté. Parce que si personne ne le voit, il n’aura sûrement pas le même goût. (encore un mouv’ pour les caméras) En fait, partager ces moments de notre vie, c’est avant tout un moyen de réaffirmer notre image auprès de ceux qui nous suivent. En supposant que personne ne passe nos stories sans les regarder, on recherche avant tout la validation sociale.

"Le fait de savoir que d’autres vont voir la photo partagée lui confère un plus grand pouvoir émotionnel […]", John R. Suler, professeur de psychologie et auteur de Psychologie of the Digital Age

Snapchat, Facebook, Instagram… ou la mémoire 2.0 ?

SPOILER : Pas tout à fait. Pendant que vous essayez d’impressionner sur vos réseaux, toutes ces images entrent dans leurs archives. Des flashbacks de Snapchat aux souvenirs de Facebook, ils conservent tous précieusement les instants qu’on leur partage. Et 4 ans plus tard, “Revenez sur vos stories passées !”… Une notification vous ramène à cette soirée que vous auriez préféré oublier. Les réseaux sociaux prolongent votre mémoire dans le temps, sans même que vous ayez besoin de vous en soucier. Attentionné, vous nous direz. Or, c’est justement là le cœur du problème. On passe plus de temps à capturer le moment pour s’en souvenir - et à le maquiller pour briller en société - plutôt qu’à le vivre pleinement. Au final, le besoin de reconnaissance prend le pas sur le réel ; le souvenir n’en est pas vraiment un. Pourtant, revoir ces capsules temporelles semblent être source de réconfort chez plus d’un. Le partage régulier de ces semblant de souvenirs est même devenu une véritable habitude sur TikTok et Instagram. #Monthphotodump, ça vous dit quelque chose ?

2016 is the new années 80

Soudain, deux confinements et quelques crises plus tard, on réalise la valeur de ces souvenirs capturés. Quand vivre sa meilleure vie ne tenait qu’à un Harlem Shake, le monde semblait plus normal qu’il ne l’est aujourd’hui.

View post on TikTok
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Et si tout cela vous paraît encore proche, préparez-vous à prendre un coup de vieux : 2016, c’était il y a 8 ans. Merci de ne pas vous mettre à pleurer devant ces quelques extraits. Parce que oui, cette douce époque où l’on vivait l’esprit léger, sans se soucier d’autre chose que de nos skills au Bottle Flip, n’est plus qu’un lointain souvenir. Heureusement que certains ont pensé à filmer avec leur caméra en 180p. Ça fera aussi des archives fantasques dans les livres d’histoire de nos petits enfants. En gros titre, on y lirait : la décennie la plus paisible du millénaire. Depuis, les nouvelles ont bien changé. Crise sanitaire, crise économique et politique, sans parler d’écologie… On irait même jusqu’à dire que Keen’V nous manque à ce prix. Parce que cette époque, en plus d’être calme, c’était aussi l’adolescence des jeunes générations. (Bien sûr que la Gen Z et les Millenials savent s’accorder quand il s’agit de pleurer le Hand Spinner.) Et, forcément, 8 ans plus tard, les enfants des années 2000 sont désormais des adultes (presque) responsables. Entre le CDI, les courses et les impôts à gérer, la vie a bien moins de goût. Du moins, l’innocence semble s’être envolée avec le Mannequin Challenge et les chansons de l’été. Alors, forcément, la nostalgie s’installe dans notre quotidien comme un élément fondateur de notre identité. Et à l’heure où Apple présente son premier ordinateur spatial, on pourrait bien laisser tomber les Memories Snapchat pour une machine à remonter le temps. Histoire de pouvoir retourner en 2018, pour ramener la coupe à la maison une seconde fois.

Oui, mais dans l’intérêt de qui ?

Alors, certes, revivre ses souvenirs d’antan c’est agréable. Parce que faire preuve de nostalgie, c’est surtout profiter d’une occasion pour se reconnecter à son passé et aller de l’avant. Et pour ça, merci les Memories Snap. 🫶🏻 Mais il ne faut pas se leurrer, Instagram et compagnie ne conservent pas vos souvenirs uniquement pour vos beaux yeux. C’est le propre des réseaux sociaux : ils collectent nos datas pour nous faire passer plus de temps sur leur plateforme. Et quand ce n’est pas grâce à un algorithme, ils trouvent d’autres moyens de jouer avec nos sentiments. C’est ici que la nostalgie rentre en compte. En jouant la carte de l’émotion, ils réussissent à obtenir notre attention, mais pas que. Ils espèrent provoquer l’interaction. Parce que quand ça nous concerne, on a forcément un avis. Par moquerie, par tristesse ou par fierté, ces notifications n’ont qu’un but : vous inciter à partager ces contenus avec vos amis. Et, là, c’est gagné : la carrière de Colonel Reyel risque de redémarrer en flêche.