Le journal intime 3.0
Ces derniers mois, Twitter est devenu la risée d’Internet. Depuis qu’Elon Musk a sonné l’heure du renouveau, à commencer par le changement de l’oiseau bleu en X, l’appli a viré en soirée ratée. Heureusement, Mark Zuckerberg est venu remettre l’ambiance avant les fêtes en Europe avec Threads. Et depuis le temps qu’on enviait nos cousins américains et leur nouveau jouet, on attendait l’application de Meta en tapant du pied. Alors, le 14 décembre, certains ont enfilé leur plus beau costume pour télécharger Threads. Et contre toute attente, on s’est fait accueillir comme Barbie à Barbieland : sur une pelouse bien tondue et avec un grand sourire Colgate. Parce que là-bas, le nouveau credo, c’est la bienveillance.
Sur Threads, on arrête les posts de dénonciation enflammés, le sarcasme au millième degré et les vagues de haine. Même si, on doit bien l’avouer, certains arcs nous ont divertis plus d’une fois en attendant le tram. Désormais, chacun s’exprime à sa guise. Threads est une zone de non-jugement où l’authenticité prime. Pourvu qu’elle n’entende pas parler de ce que BeReal est devenu…
Publié par @emywiccangirlVoir dans Threads
Le petit frère d’Instagram semble s’être imposé comme notre ultime espoir d’enfin voir naître une safe place sur internet. Et vu l’état de notre santé mentale, on en avait bien besoin.
Pour ça, Threads a débarqué avec des règles plus strictes que Twitter, parce que c’est bien connu le chaos des projets X n’annonce jamais rien de bon. La modération est plus attentive aux insultes, aux contenus à caractère sexuel mais aussi aux vagues de haine qui ont longtemps favorisé le harcèlement. Ainsi, on a pu voir tous les introvertis de Twitter enfin taper sur leur clavier. Ils ont mis de côté l’empire du fake pour la spontanéité… au moins pour un temps, avant que les Twittos ne se ramènent à nouveau.
Trop de bienveillance tue la bienveillance
Si la bonne humeur de Threads était appréciable les deux premiers jours, il faut quand même rappeler que la vraie vie n’est pas sponsorisée par Bisounours. Pendant que certains continuent d’y croire, d’autres ne sont pas encore prêts à oublier le piment des clashs Twitter.
Publié par @ftmaaa.dVoir dans Threads
Alors, les adeptes du trash présents sur Threads tentent d’y remédier en reprenant (partiellement) les bonnes vieilles habitudes : trouver des personnalités à cancel, quelques threaders à faire enrager avec une double dose de trolling, et le tour est joué !
Publié par @astrithrbVoir dans Threads
La cité du positivisme serait-elle touchée par une vague de malfaisants ? Les adeptes de la safe place n’en croient pas leurs yeux : la promesse collective de bienveillance n’a pas duré plus de deux jours. Un peu comme les invités qui ramène leurs enfants, au début ils s’essuient poliment les pieds sur le tapis, vous sourient, et à la fin de la soirée ils courent partout en hurlant. Pourtant, il semblerait que Threads soit encore timide sur les polémiques, du moins loin d’être comparable à celles de X.
Dans ce combat de communautés, on perçoit surtout une différence de perception. Tandis que Twitter vit pour le clash, Threads s’impose comme le nouveau royaume du premier degré. Autant vous dire que les Twittos qui y ont fait un tour ont cru s’être trompés de porte et revenir sur Facebook, les boomers en moins - méfiez-vous, ça ne saurait tarder. Pour contrer l’atmosphère bien souvent anxiogène et trash de l’ancien oiseau bleu, les embrouilles de Threads ont pris un penchant gnangnan qui commence à frôler l’ennui. Peut-être est-ce l’annulation de l’anonymat qui refroidit la toxicité de certains ? Heureusement, Internet reste une place de débat décomplexée qui ne se passe pas entièrement des dramas. Threads en profite pour remettre certaines personnes à leur place à l’aide de la sacro-sainte cancel culture, mieux encore elle la fait entrer dans une nouvelle dimension : on s’embrouille, puis on retourne sur son petit nuage. Exit le déferlement d’insultes qu’on peut voir sur Twitter.
Les fils de pub sont de retour
S’il y a bien une chose qui met (presque) tous les réseaux d’accord, c’est la publicité. Et particulièrement chez Threads, car qui dit journal intime ne dit pas annulation de la pollution informationnelle.
Publié par @letizia.camboniVoir dans Threads
Si on peut avoir le sentiment que notre bon vieux Mark nous fait une faveur en nous laissant découvrir un monde où tout semble aller moins vite, la réalité est tout autre. Parce qu’en fait, la publicité, ce n’est pas seulement des posts sponsorisés.
Dès les premières heures, les marques ont vu en Threads un potentiel qui n’existait plus dans le brouhaha de X. Et justement, elles profitent du caractère intime de ce terrain pour toucher leur cible avec du ton. Des refs, de la personnalité, du fun pour remplacer les services clients ennuyeux et les infos trafics corporate. Les CM peuvent enfin étaler toute leur culture internet pour amuser la galerie, et créer des relations de proximité. Ça tombe bien, Instagram était à court d’idées… les canaux, ça vous parle encore ? Mais ce qui nous a frappés encore plus fort, c’est à quel point nos prises de paroles personnelles sont proches de celles des marques.
Depuis son lancement, le fil d’actualité Threads est pollué par des posts bienveillants qui font la promotion de tous les créateurs d’Europe. Suivis de demandes incessantes de Follow for Follow, comme si on était de retour aux débuts de Twitter, voire même de Skyblog. Le fameux, “1 like chez moi, 2 likes chez toi”. Ainsi, chacun devient sa propre marque, en reproduisant les formats imaginés par les marques. Par mimétisme, ou peut-être simplement parce que c’est ce qui fonctionne désormais le mieux dans l’algorithme… l’authenticité version Threads. Alors, serait-ce à nouveau les marques qui dirigent les tendances des formats de contenus ?
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