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Jusqu’où iront les refs ?

Temps de lecture : 4 minutes

17/04/2024

S’ils avaient décidé de devenir célèbres, ils n’y seraient certainement pas arrivés… et la magie d’Internet a opéré. Ce qui n’était que de simples extraits vidéos d’inconnus à la spontanéité débordante sont devenus des symboles de la culture Internet. Chaque jour ils circulent et s’empilent dans un palmarès qui, pourtant, ne parle pas à tout le monde… Alors, naturellement, on s’interroge : d’Internet aux Jeux Olympiques, les références vont-elles s’immiscer dans toutes les sphères de nos vies ?

avatar de Laury Peyssonnerie

Content Strategist. 30 onglets ouverts dans la tête et un assistant à moustaches sur les genoux.

Laury Peyssonnerie

Les JO ravivent la flamme

Depuis que les JO de Paris font les grands titres, ils ne sont pas aussi populaires que prévu. Or, la semaine dernière, on a reçu une nouvelle nettement plus enthousiasmante que l’état de la Seine.

Si le monde entier risque de passer à côté de cette référence, ça ne sera pas le cas des Digital Natives Français. “Mais si je suis très net” fait partie d’un répertoire entier de références en ligne, et se trouve même sur le podium des plus mémorables avec “Ah bah c’est bien Nils”.

En 2017, Baptiste Moirot, inconnu au bataillon, fait une expérience sous somnifère qu’il partage lors d’un live Facebook. Il met presque “le feu à la baraque”, au point de devenir viral. Ceux qui n’ont pas pu s’empêcher de ricaner face à cet extrait iconique créent alors un groupe Facebook pour qu’il rallume cette flamme lors des Jeux Olympiques de Paris en 2024.

7 ans plus tard, deux cents soixante dix mille personnes voient l’un des mêmes les plus connus d’Internet s’ériger jusqu’aux porteurs de la flamme. Qui sait, peut-être qu’on retrouvera Nils à l’ouverture des jeux Olympiques d’hiver à Gangwon.

Dans la même lignée, nombreux sont les médias qui invitent ces références d’antan à témoigner, des années plus tard.

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Ils s’empressent même de traiter les dernières vidéos virales pour ne pas perdre une miette de la culture Internet qui se construit sous nos yeux. Au cas où vous ne seriez pas tombé dessus, ces derniers temps, on inscrit Amyne reprenant “j’fume la beuh” au Panthéon des références :

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Mais qu’est ce qui nous plaît tant dans ces extraits, pas toujours si nets que ça ?

T’as pas la ref ?

Il y a des refs qui vivent au rythme d’une tendance, puis il y a celles qui transcendent les années. À défaut de transcender les générations.

En tant que bons vieux Digital Natives, elles font partie intégrante de notre vocabulaire. C’est presque un langage à part entière. En cas d’embrouille, ça s’envoie des “Mais tu es qui toi, Nahuda ?” ponctués de “C’est pas p’ssible ça, c’est pas p’ssible du tout ça, nan, nan”.

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De “Bababoy” à “Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation”, il peut s’agir de références culturelles comme d’un simple contenu posté sur les réseaux sociaux. Quoi qu’il en soit, elles s’enflamment sur Internet pour prendre vie dans notre vocabulaire quotidien. Mister V sur le plateau de Zen en est la preuve ultime ; certains considèrent son apport en références comme un véritable patrimoine.

Au même titre que l’utilisation de la ponctuation, il y a autant de règles que de références. Avoir la réf est devenu une véritable clef de compréhension du discours de l’autre, voire même une raison de ne pas considérer l’autre.

En somme, c’est un vrai jugement de valeur, comme si le doom scrolling vous donnait des points de charisme en société.

“Au collège, au lycée, à la fac, dans les écoles de commerces, et même chez les publicitaires, la question «t’as la réf ?» devient un gimmick dans les relations sociales. Cette petite question qui paraît anodine révèle une nouvelle manière de valider que l’autre fait bien partie de la même communauté que celui qui la pose.”, Ronald Boucher, enseignant-chercheur pour Stratégies

Reconnaître la culture Internet de l’autre comme valable, c’est accepter de l’intégrer à son cercle social. Grâce à des références communes qui se traduisent à l’oral, on prend part à la même communauté, en prenant soin d’exclure ceux qui ceux qui ne les comprennent pas.

Un outil de communication (pour ceux qui ont la ref)

Et naturellement, appartenir à la même communauté, ça rapproche. Lorsque l’autre se place sur la même échelle de fun que nous, on ne peut que l’écouter et s’empresser de surenchérir.

Depuis plusieurs années, les marques l’ont bien compris.

Comme Spotify dans cette campagne datant de l’an dernier, elles utilisent le langage de leur cible pour renforcer l’aspect communautaire. Et, en musique, forcément Spotify touche la Gen Z en plein cœur.

Ce qui n’était qu’un délire sur TikTok et Twitter devient alors un outil de communication puissant pour les marques, et même les évènements publics.

“Comme les étudiants ou les influenceurs, les marques peuvent chercher, à travers cette expression, à créer de la connivence avec leur cible, que ce soit dans une logique de conquête de nouveaux adeptes ou de fidélisation d’une communauté.”, Ronald Boucher, enseignant-chercheur pour Stratégies

La preuve en est, pour contrer les divers bad buzz liés aux Jeux Olympiques, l’annonce de Baptiste en porteur de flamme a changé la dynamique. Du moins, pendant un temps.

Sans surprise, l’annonce a été plus qu’engageante, notamment pour ceux qui ont vu la culture Internet s’ériger à un évènement international.

Face à cet engouement, il y a toujours ceux à qui ça ne parle pas parce que ça ne veut rien dire à leurs yeux, ou parce qu’ils trouvent ça tout simplement enfantin. Quitte à jeter la nostalgie digitale en pâture.

Nous, on croit surtout que ces gens-là n’ont jamais vraiment eu la ref.

Pour rappel : C’est de l’humour Marie, de l’humour.