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Peut-on vraiment prédire les tendances ?

Temps de lecture : 6 minutes

26/09/2024

Malheureusement, la couleur tendance de l’année prochaine n’est pas prédite dans l’horoscope. Qui n’adorerait pas pouvoir anticiper l’avenir ? Dans une société où les tendances dictent la consommation, les choix culturels, et même les conversations quotidiennes, la question se pose : peut-on réellement prédire ces phénomènes mouvants ?

avatar de Peter Rechou

Brand Strategist. La voix de quelques podcasts et le cœur brisé régulièrement par le Paris Saint-Germain.

Peter Rechou

Les tendances, amies ou ennemies du temps ?

Au premier abord, on pourrait résumer les tendances au fait qu’elles naissent, grandissent, et s’éteignent parfois aussi rapidement. Il est alors tentant de les observer comme des moments que l’on peut identifier et prévoir, à travers tout un tas de données et de facteurs sociologiques.

Pourtant, il y a dans la vie des tendances ce paradoxe du temps court et du temps long. Ainsi, elles naissent, vivent, meurent, ressuscitent, se croisent, se confrontent, s’entremêlent, comme des cycles imprévisibles. Inévitablement, les réseaux sociaux accélèrent le phénomène : un contenu de niche peut devenir viral en quelques heures, et ne plus exister quelques jours plus tard.

Si les algorithmes peuvent mettre en avant ou booster une tendance au gré de leurs envies, ils font face à un imprévisible mur : l’humain et son aspect irrationnel.

Par exemple, en 2022, le succès de “Mercredi” sur Netflix propulse une trend TikTok consistant à reprendre une danse vue dans une scène de la série, avec pour musique de fond une version accélérée de la chanson*“ Bloody Mary* de Lady Gaga. Sauf que la musique n’a jamais été présente dans la série. Depuis, elle y est pourtant inévitablement associée, sans que l’on puisse vraiment remonter jusqu’à l’origine de la trend, ce qu’un algorithme n’aurait pas pu anticiper.

View post on TikTok

D’autres deviennent des tendances de fond, abritant des micro-tendances dont elles se servent pour grandir. Elles racontent alors bien plus explicitement quelque chose de nos comportements. Si elles se confrontent et se répondent, elles ne semblent plus vraiment se succéder, mais bien vivre en parallèle en incarnant les disparités de la société. Par exemple, la tendance “old money aesthetic”, qui reprend l’esthétique bourgeoise américaine, s’est construite au début des années 2020 en opposition à la mode plus flashy et ostentatoire de la tendance “Y2K”. En réponse, une partie du public s’est alors tourné vers un retour de cette esthétique des années 2000, avec des mouvements puissants comme le désormais célèbre “brat”.

Ces grandes tendances deviennent alors des socles communs à d’autres tendances et procédés. Ainsi, si la “old money aesthetic” s’est inscrite dans un mouvement de “slow content” et “romantisation” de nos quotidiens, elle s’est vue aussi reprise même à des fins politiques, , illustrant la manière dont une tendance peut se transformer et prendre des significations multiples au fil du temps.

Prédictions des tendances : un art ou une science ?

Prévoir les tendances serait-il une discipline à part entière ? Des cabinets de tendances, appelés aussi bureaux de style, comme NellyRodi ou WGSN, essayent d’anticiper nos comportements et modes de consommations. Mode, beauté, alimentation, technologie, design, ou même sociologie et politique, ils travaillent à prévoir les mouvements de marché et d’attentes des consommateurs. Ils tentent de déceler les signaux pour deviner ce que demain nous réserve, en s’appuyant sur une méthodologie rigoureuse qui combine analyse de données massives, une observation des comportements émergents, et une expérience en la matière.

Pantone, bien connu pour son influence sur la couleur dans le design, est un exemple encore plus connu du grand public. Chaque année, l’entreprise annonce la “couleur de l’année”, une teinte censée capturer l’esprit du moment et influencer les choix esthétiques dans divers domaines, provenant d’une analyse des tendances culturelles, des événements globaux, et même des humeurs collectives.

Cette volatilité extrême des tendances, cette mouvance permanente, accélérée par les nouvelles technologies, poussent notamment les marques à se précipiter dans une course à la prévision. Mais bon nombre d’exemples nous montrent qu’il y a dans l’évolution des tendances une instabilité et une versatilité non-maîtrisable.

Finalement, l’adaptabilité paraît alors être la meilleure attitude à adopter face à cette mouvance. Et si la science d’une observation minutieuse des tendances est passionnante, l’incertitude des prédictions ne la rends certainement que plus intéressante. Ce qui était vrai hier ne l’est certainement plus aujourd’hui, mais le sera peut-être demain.