À la recherche du temps perdu
Depuis plusieurs semaines, TikTok tourne en boucle comme un disque rayé : cheveux en bombe sur Shattiment ou élans nostalgiques sur Forever Young. Déjà repris de nombreuses fois depuis sa sortie en 1984, ce single d’Alphaville séduit à nouveau les jeunes générations sur TikTok.
Face au temps qui passe, les Zillenials voient leur visage changer et, eux aussi, ils aimeraient rester forever young. Alors, ils le partagent avec amertume.
On ne cesse de répéter à quel point on aimerait mettre le temps sur pause. On rêve de revenir à l’époque où on s’asseyait à la table des enfants. Même si certains le font encore avec fierté après trente ans. Pour preuve, les soirées pyjamas entre cousins ont été remises au goût du jour pour surprendre les grands-parents.
Mais la nostalgie du temps perdu, elle, est toujours là. On en parlait déjà dans un article précédent : nos selfies Retrica, notre style un peu bancal et nos chorés sur Logobi GT témoignent tous d’une époque où tout était plus léger.
Jusque-là rien de nouveau, on a toujours passé notre temps à regarder en arrière. Pour nos grands-parents, c’est l’équivalent d’ouvrir un album photo qui rappelle le bon vieux temps.
Mais la véritable question c’est : et après, on devient quoi ?
One day baby we’ll be old…
C’est inévitable, sauf peut-être pour l’éternel Bryan Johnson, on va tous vieillir. Notre corps change, mais rassurez-vous : quelques ridules ne vous emmèneront pas en maison de retraite demain. Certes, il se fane plus vite qu’on aurait pu le croire mais au mieux vous finirez avec des cheveux blancs, au pire vous ne serez plus là pour le voir.
Et, on est encore loin de tout ça, même à trente ans. Alors pourquoi cette peur se déclare-t-elle déjà ?
“Body image is a multidimensional construct that represents an individual’s perceptions and attitudes about their physical-self and encompasses an evaluative function through which individuals compare perceptions of their actual “self” to “ideal” images. This comparison may produce feelings of dissatisfaction about one’s own body image if a significant discrepancy exists between the actual and ideal self-image”, extrait d’une étude australienne publiée le 7 août 2024.
L’image que l’on voit de soi-même ne dépend pas que des quelques cheveux blancs qui sont apparus sans prévenir. Comme cette étude le notifie, on ne cesse de comparer notre propre évolution physique à un idéal. Et un jour, on se retrouve à faire du face tapping tous les soirs.
Or derrière quelques rides et un mal de dos peut aussi se cacher notre âme d’enfant. Alors on tente de la garder précieusement, malgré les obligations d’adulte qui nous guettent. Et le jour où on aura trop mal au dos pour apprendre les nouvelles chorés TikTok, on s’en souviendra.
Vivre avant de regretter
Tant que tout va bien, on nous le répète constamment : Vivez l’expérience. Pour être sûr d’avoir des histoires folles à raconter à vos petits-enfants.
Alors dans cet esprit forever young, on continue de vivre pleinement. On casse les codes des générations précédentes : pas de mariage, ni d’enfants avant qu’on ait vécu assez de choses pour repousser la vieillesse.
Les 95 96 97 non plus https://t.co/fVx9DzyHtU
— 🥨 (@madamebretzel) August 15, 2024
Évidemment, certains continuent de trouver leur bonheur en fondant une famille… mais ils n’oublient pas pour autant leur âme d’enfant. Les Digital Natives sont fidèles à leurs valeurs, et comptent bien élever leur descendance avec leurs propres codes.
Pendant ce temps, les autres remplissent les pistes de danses, et les halls d’aéroport.
Et après ? La même question reste toujours en suspens. Tout ce qu’on sait, c’est que chez les autres, la vie ne s’est pas arrêtée à trente ans. Bien au contraire.
Peut-être que rester forever young n’est qu’une question de perspective. On ne vieillit pas, on devient simplement un adulte affirmé. Et pour les plus chanceux, on garde un peu d’innocence.
Nous stalker